Commandement n°6 : « Le deuil, tu apprécieras »

Les 10 commandements de la gestion du temps : le deuil.

La vie est une série de deuils qui s’enchainent. En fait, tout changement doit être vécu comme un deuil. Que ce soit quitter une région pour prendre un nouveau job ailleurs, quitter la sécurité du foyer parental pour s’envoler dans la vie professionnelle, ou changer de poste au sein d’une même entreprise. Ça vous choque ? Pourtant, c’est bien vrai.

Robert Clinton a popularisé l’idée que le leadership, bien plus qu’une fonction exercée, était la résultante d’une vie jalonnée par des phases de développement, dont les marqueurs d’entrée et de sortie étaient caractérisés par des temps de transition. Il écrit :

« Les crises, les promotions, un nouveau travail, l’apprentissage d’un nouveau concept majeur, les expériences inhabituelles, les rencontres déterminantes, l’expérience du conseil divin ou encore un déplacement géographique sont autant d’événements de transition. Comme vous pouvez le voir, il n’y a pas de schéma absolu. Les événements de transition varient d’une personne à l’autre, mais ils indiquent toujours un changement. Ils marquent la fin et le commencement d’un moment significatif dans la vie d’un leader. »[1]

Si Clinton dit vrai (je parle de Robert, pas de Bobby), alors le facteur critique dans le développement du leader réside dans cette capacité à vivre sainement, et sereinement, ces périodes de transitions.

Le deuil, tu apprécieras.

Apprécier quelque chose, c’est avant tout bien le connaître. Archibald Hart, ancien doyen du département de psychologie à Fuller et auteur de plus de vingt-cinq livres, nous explique ce qu’est le deuil, et comment le vivre de manière saine :

  1. Le deuil est caractérisé par un ressenti profondément négatif quant au présent, au passé ou au futur. C’est le signe que nous sommes bel et bien entrés en phase de deuil.
  2. C’est important de bien comprendre ce que nous avons « perdu ». Pouvez-vous nommer ce que vous avez « perdu » au-travers de cette « mort » ?
  3. Il est bon et utile de se lamenter et de laisser la tristesse vous envahir. La Bible est d’ailleurs remplie de récits d’hommes et de femmes qui externalisent leur douleur par des mots et des cris, de sorte à trouver le réconfort. Une oreille attentive est d’un bon recours.
  4. Dites adieu à ce que vous venez de perdre. C’est une démarche qui doit souvent se dérouler dans la solitude de nos peines et qui nous oblige à lever nos mains ouvertes vers celui qui est l’auteur de la vie. Comme pour lui dire : « J’accueille ce qui adviendra. »
  5. La bonne nouvelle, c’est que le futur regorge de vie. Celui qui nous aime veut déposer dans nos mains vides et nos cœurs asséchés des nouvelles pousses de vie qui seront autant de signes d’un renouveau à venir.[2]

 

Vous êtes en rogne contre votre nouveau N+1 parce qu’il ne comprend rien et qu’il ne fait pas les choses comme votre ancien patron ? Vous êtes probablement en phase de deuil.

Vous n’arrêtez pas de comparer votre nouveau job à votre ancien ? C’est plus fort que vous. Vous êtes probablement en phase de deuil.

Vous changez de département grâce à cette nouvelle promotion tellement attendue, et pourtant vous balisez à l’idée de recréer tout un nouvel écosystème de relations ? Vous êtes probablement en phase de deuil.

Et ce n’est pas grave. Je dirais plus : c’est tout à fait normal. Même si vous êtes triste à en mourir. C’est le signe que vous entrez dans une nouvelle étape de votre développement de leadership. La question cruciale devient : « Comment allez-vous négocier cette phase de transition ? »

John Towsend, consultant en leadership et auteur du New-York bestseller Leadership Beyond Reason et Handling Difficult People écrit :

« Fais de la tristesse ton allié, pas ton ennemi. »

La solution divine pour résoudre la perte d’amitiés, de rêves et d’opportunités est la tristesse. Plutôt que quelque chose à fuir, cette tristesse, ou douleur, vous permet de lâcher prise sur ce que vous ne pourrez pas avoir, afin de faire de la place dans vos cœurs pour ce que vous pouvez avoir.

Ceux qui ne se sentent pas assez en sécurité pour porter le deuil s’agrippent à des espoirs ou des amitiés perdus. C’est compliqué pour eux de s’accrocher à ce qui pourrait advenir, puisque les fantômes du passé continuent de hanter leur vie émotionnelle. Le roi Salomon comprenait l’importance de porter le deuil : « Le cœur des sages est dans la maison de deuil, et le cœur des insensés dans la maison de joie. » (La Bible, le livre de l’Ecclésiaste, 7.4).

Du coup il est bon d’être triste, mais nous ne devons pas confondre tristesse et dépression.

La dépression, c’est l’incapacité à faire sens de la perte ou de la colère. C’est une paralysie profonde de l’âme qui ne permettra pas que le problème soit résolu. La tristesse, c’est l’antidote à la dépression.

La dépression est statique et inamovible, mais la tristesse est le chemin de la résolution. C’est pour cela que le roi David déclare : « Le soir arrivent les pleurs, Et le matin l’allégresse. » (La Bible, le livre des Psaumes, 30.5).[3]

Comment va votre âme cher lecteur ? Que vous soyez au soir de votre deuil, ou que vous contempliez déjà, à la lecture de cet article, les lueurs du matin, sachez que Dieu vous voit, qu’il vous connaît par votre nom, et qu’il veut porter ce deuil avec vous. Son oreille attentive est d’un bon recours. Courage.

[1] Robert Clinton, La croissance du leader, BLF Editions, p.49.
[2] Archibald Hart, note de cours de doctorat, Fuller Theological Seminary.
[3] John Towsend, Hiding from Love, Zondervan, 1996, p. 100.

Rédacteur

Raphaël Anzenberger

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