Le travail vous parle. Écoutez-le !
Quel est le but du travail ?
Dans notre société d’aujourd’hui, est-ce que nous avons l’impression que le travail nous “parle” ? Au-delà des tâches qui sont faites et qui nous sont assignées, avons-nous parfois l’occasion d’entendre “la voix du travail” qui s’adresse à nous et nous dit quelque chose ?
Nous avons besoin qu’il en soit ainsi, car la communication est une réalité personnelle qui participe à notre bien-être. Et compte-tenu du nombre d’heures que nous passons à travailler, si le travail nous parle, c’est une très bonne nouvelle!
Surdité contemporaine
La culture professionnelle de notre société occidentale est souvent celle de la sectorisation et de l’hyper-spécialisation. Notre société produit des experts, mais qui le sont dans un domaine précis et limité. Rares sont les interactions nourries avec les autres alors qu’elles peuvent élargir les perspectives. Dans beaucoup de secteurs professionnels, les salariés occupent leur poste, mais avec peu de leviers d’action à propos de ce qui les précède et vis-à-vis de ce qui les suit. Ils sont un petit maillon dans une grande chaîne d’activités, elle-même intégrée dans une économie globalisée. Et cette dernière tourne à une vitesse de plus en plus élevée. Elle a connu une première accélération avec la révolution industrielle, puis une deuxième avec la révolution numérique. Quel est le but du travail ?
Difficile d’entendre une voix dans ce 100m de la vie professionnelle où chacun.e se concentre sur son couloir et court frénétiquement vers sa propre ligne d’arrivée !
Qui plus est, cette vie professionnelle peut souvent être vécue comme une situation très temporaire, précaire, susceptible d’être brutalement bouleversée. Le travail tient souvent à la stratégie d’une entreprise qui peut faire partie d’un groupe qui déploie de nouvelles orientations et qui, du jour au lendemain, décide de rendre obsolète notre activité. Le travail a-t-il le temps de nous dire quelque chose ?
Tendez l’oreille !
Pour commencer à pouvoir entendre, l’auteur de cet article propose de prendre une machine à voyager dans le temps et dans l’espace pour se rendre à une époque d’avant notre complexité contemporaine.
Une époque où le travail était encore affaire de relations avec la terre, affaire d’artisanat. À cette époque, le travail pouvait s’observer beaucoup plus facilement. Il pouvait aussi être écouté car il était plus facile de l’entendre.
Les métiers dont nous allons parler, comme celui de l’agriculteur, du potier ou du boulanger, n’ont pas forcément disparu. Mais l’organisation actuelle de notre société les a presque rendus invisibles et inaudibles. Ils ne font plus partie de notre environnement bâti souvent ultra urbanisé et artificialisé, ou alors ils ont été rejetés à sa périphérie, si bien que nous ne les côtoyons plus et ne les entendons plus. Mais ils ont des choses à nous dire !
Les semences de l’agriculteur
“Celui qui laboure pour semer laboure-t-il toujours? Ouvre-t-il et brise-t-il toujours son terrain? N’est-ce pas après en avoir aplani la surface qu’il répand de la nielle et sème du cumin; qu’il met le froment par rangées, l’orge à une place marquée, et l’épeautre sur les bords?” [1]
Qui a encore l’occasion de contempler le travail agricole au fil des saisons? Et si tel est le cas, le problème reste que celui-ci semblera être souvent le même. Labourer, herser, semer : tout cela ne se fait plus qu’avec un même tracteur et un seul changement de matériel derrière l’engin.
Ce texte nous fait donc revenir à une époque qui précède la mécanisation et l’automatisation de l’agriculture. Il nous parle déjà d’un sujet important. Toujours ? Ce n’est pas toujours que l’agriculteur doit labourer, ouvrir et briser son terrain. Pourquoi ? Par respect pour qui ? Pour lui-même, pour le terrain et aussi pour l’animal, son “subordonné”, qui (à cette époque encore) est à l’œuvre.
Le travail de l’agriculteur nous dit que le rapport au travail doit être juste. Il n’a pas pour vocation de nuire à l’intégrité du travailleur, de l’environnement dans lequel il travaille, et des autres êtres avec qui il travaille.
À bon entendeur…
La nielle, le cumin, le froment, l’orge, l’épeautre. Certains sont par rangées, d’autres à une place marquée ou sur les bords. Polyculture et diversité. Le travail de l’agriculteur nous dit que le travail doit être varié. Varié dans le temps entre le labour, la semence puis la récolte, il est aussi varié dans la nature de ce qui est fait, dans la forme. Nous ne sommes pas destinés à nous épanouir dans un travail qui est répétitif, à jamais le même.
Des activités différentes doivent se succéder et à l’intérieur d’une même activité il faut une certaine pluralité. Cela concerne le bien-être du travailleur lui-même. Mais cela nous parle aussi d’une variété qui doit exister à cause du respect de la diversité d’autrui (représentée ici par les céréales qui sont cultivées), pour le bien-être du prochain.
Même si elles ont toutes la même destination: que les graines meurent pour que les plantes poussent, toutes ne sont pas traitées de la même manière.
En résumé, le travail nous parle de justice, de diversité et de respect d’autrui.
Première écoute…
Nous n’avons fait que commencer à tendre l’oreille et nous pouvons constater que nous entendons déjà le travail nous parler. Et ce qu’il dit vaut la peine d’être entendu.
Cela demande de sortir quelque peu des « sentiers battus » de notre vie urbaine artificialisée, mais le pas de côté en vaut la peine.
Dans le prochain article, nous continuerons notre déambulation à l’écoute du potier, du boulanger et de l’athlète de haut niveau.
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