Le management par la Joie
Je rejoins les milliards d’hommes et de femmes attestant que la joie est un moteur, une force. Mais, j’insisterai plus sur son autre statut : la joie comme finalité. Je vous parlerai d’une Joie assez particulière que je m’efforcerai de caractériser tout au long de cet écrit. Pour ma part, se lever le matin, travailler, agir dans le but – avoué et assumé – de vivre cette Joie ont provoqué des changements significatifs.
De notoriété publique : « la joie est un moteur ! »
Nombreux sommes-nous qui avons expérimenté cet état de grâce de vouloir changer le monde, de vouloir à tout prix accomplir une bonne action, car nous étions tout simplement super heureux. Dans une première vie professionnelle, je fus membre de l’équipe qui a fondé et dirigé une usine pionnière dans la production et l’exploitation de la cyanobactérie (source de protéines 😉) en Afrique, à Madagascar. A l’époque, à nos yeux, le challenge technique était gigantesque, des fois presque insurmontables.
L’usine était implantée dans une des provinces les plus pauvres de mon pays natal. Nos ouvriers n’étaient pas capables de lire nos procédures et nos protocoles… Alors, la joie fut – tout aussi – immense et indescriptible quand, ensemble, nous avons pu sortir nos premiers bidons de poudre de cyanobactérie, prêts à partir pour l’exportation. Cette joie m’a poussée à prendre une décision un peu bizarre. J’ai décidé de devenir le « professeur en herbe » de français pour mes ouvriers, le samedi après-midi quand l’usine était à l’arrêt. Mon premier pas vers un métier que j’embrasserai bien plus tard. En effet, je ne le savais pas encore, mais enseigner fait partie de mes dons, de mes talents.
Depuis, je n’ai pas besoin de dictionnaire pour comprendre les entrepreneurs, les chefs d’entreprise devenus mécènes ou auteurs de bonne action qui disent souvent :
« En accomplissant cela,
je ne fais que rendre un peu de ce que j’ai reçu… »
Vivement qu’il y ait – toujours – beaucoup d’entrepreneurs heureux sur terre, n’est-ce pas ?
Première réserve émise quant à la caractéristique de la joie, premier pas vers le deuxième statut…
Fort d’expériences similaires, je fus interpellée par la définition de la joie. Je cite le dictionnaire Larousse :
« (…) sentiment de bonheur, caractérisé par sa plénitude et sa durée limitée ».
Quand je me pose et que je ferme les yeux, il m’arrive de repenser à cet épisode lointain de la cyanobactérie. Je me souviens des adversités, des douleurs associées à mes échecs. Mais surgit toujours un moment où la joie prédomine véritablement. Juste le souvenir du taux de protéines que nous avons pu atteindre me procure encore et encore de la joie. Et je ressens autant de bonheur profond, sinon plus, quand je revois avec mon cœur nos ouvriers conjuguer l’auxiliaire être.
Ne sachant pas ce qui peut arriver ni dans la minute qui suit ni demain, je ne peux pas dire si elle sera encore là. Mais le fait est que sa durée, pour le moment, n’est pas limitée.
Ma joie reliée à l’aventure de la cyanobactérie est toujours là.
Le cheminement entrepris m’a, cependant, réservé une surprise ! La considération d’autres expériences en matière de joie m’a réconciliée avec la définition de Larousse : la joie peut être de courte durée, oui, de très courte durée même.
Mes joies de très courtes durées
Je suis revenue sur le banc des universités à un âge déjà avancé. Pendant mes années de master et de doctorat, je fus une spécialiste des jobs étudiants.
- La première fois que j’ai touché 350 €, comme baby-sitter, j’étais très heureuse, mais de courte durée
- J’ai continué mes études, j’ai cherché un autre travail. La première fois que j’ai touché 600 € en étant réceptionniste, j’étais très heureuse, mais pendant juste un temps.
- J’ai continué mes efforts. La première fois que j’ai touché mon salaire – d’assistant en enseignement et en recherche – de 1 700 €, j’étais très heureuse. Oh la la, très heureuse… Mais cette joie avait, effectivement, une durée limitée…
J’ai été réconciliée avec la définition très usitée de la joie !
S’ouvrit alors, une toute approche de la question : « Existerait-il plusieurs catégories de joie ? Y aurait-il des joies caractérisées par une durée limitée et d’autres, non ? ». Y aurait-il la possibilité d’une joie qui dure, éternelle ? Éternelle dans le sens de la durée, mais aussi dans le sens de la puissance…
La possibilité d’une Joie qui soit la finalité de tout ?
Vous avez compris, l’instant est au questionnement.
Et je me propose de vous embarquer dans deux de mes hypothèses nourries par des expériences terrestres. Supposons, premièrement, que Bill Gates avait raison. De quoi je peux bien parler ? Voici, sans plus tarder cette petite histoire qui m’a marquée. Lors d’un séjour au Canada, j’étais à une conférence où l’orateur a rapporté quelques passages d’une interview de Bill Gates. Voici, en substance, ce que j’ai pu en retenir : « la précision, la logique avec lesquelles l’univers fonctionne, la beauté et l’ingénierie de notre corps oui du corps humain font que c’est enfantin et presque présomptueux de penser que ce monde n’a pas de créateur. ». La référence à la beauté et à la perfection de la création comme l’univers, le corps humain, suggère le génie du créateur en question, et c’est notre deuxième hypothèse.
L’adoption – même momentanée – de ces deux hypothèses vous aidera à capter la subtilité de mon dernier paragraphe sur l’existence d’une joie pouvant être une finalité. La lecture d’un ouvrage qui nous parle de ce créateur ingénieux, à savoir la Bible, révèle la place – insoupçonnée – de la joie. C’est subtil et puissant à la fois ! Je synthétise ma compréhension en 5 points. Je vous les partage et les amène au débat.
- Chacune de nos vies, sans exception, a été dotée d’un talent, d’une capacité pour notre bonheur et celui de notre entourage.
- Il existe, sur terre, un comportement qui peut annihiler ce don, qui peut le rendre inutile : la paresse, les excuses…
- A contrario, chaque exercice de ce talent, chaque utilisation de ce don fait la joie de son créateur. Ce dernier a la capacité de voir même la moindre utilisation de ce don.
- Dans son génie, le créateur de ce talent a créé une Joie qu’il réserve à tous ceux qui ont combattu la paresse, qui ont refusé les prétextes de ne rien faire.
- À la fin de chacune de nos actions, une invitation nous attend de la part du créateur du talent : « Tu as bien fait d’exercer ton talent, entre dans ma Joie. » Et tel son créateur et propriétaire, cette joie – comme finalité – est puissante et éternelle.
Vous l’aurez senti. J’ai, pour ma part, adopté ces deux hypothèses durablement. Vous avez aussi la liberté de le faire. Cette connaissance de l’existence d’une joie comme finalité a changé ma petite vie. Pour donner suite à ce partage, je vous propose d’échanger autour d’une tentative de formalisation des principes fondateurs d’un management par la Joie.
Principes fondateurs d’un management par la Joie
- S’assurer qu’aucun de nos talents n’est enterré
- Exercer avec assurance son ou ses talents. « L’essai-l’erreur-l’échec » fait partie de cet exercice, mais si le talent est en nous, que nous continuions à l’exercer fidèlement, une joie nous attend.
- Changer d’objectif ! L’objectif est d’être invité – « entre dans ma joie » – par le créateur du talent. Ne pas accorder trop d’importances aux adversités en cours de processus.
- Refuser les excuses pour ne pas commencer, pour ne pas continuer. L’exercice du talent commence toujours dans les petites choses. Il ne faut donc pas avoir peur des petits débuts.
- Se souvenir que le talent a été donné pour nous et aussi pour les autres. Même si les autres semblent ne pas le mériter, il faut continuer à l’exercer car le génie du créateur du talent lui permet de tout voir, et c’est lui qui récompense !
Et la différence avec ce management par la Joie est bien la récompense !
« J’ai décidé d’être heureux ! » Cette phrase a transformé notre quotidien qu’en bien. La Joie dont je parle – celle du créateur de notre talent – est différente. Elle est tout à fait compatible avec la joie résultant de notre décision d’être heureux, mais présente la particularité de venir du Ciel, du cœur de l’Éternité. Il arrive qu’elle nous tombe dessus, dans ces moments où nous ne sommes même pas conscients que nous exerçons notre talent ! Oui, elle nous prend, nous touche, nous porte, elle a de quoi nous pousser à aller de l’avant contre vents et marées. Elle participe, ici-bas, à notre épanouissement et par ricochet à celui de notre entourage ! Pour la vivre, il suffit de l’expérimenter.
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