« Le porno n’est pas la norme »

Le porno : on en parle ou pas ?

Pour tenter d’en donner une définition de la pornographie, on aurait demandé à un juge de la Cour Suprême des États-Unis. Sa réponse : « Je le sais quand je le vois. »

Le dictionnaire, lui, nous apprend que le porno est toute « représentation (sous forme d’écrits, de dessins, de peintures, de photos, de spectacles, etc.) de choses obscènes, sans préoccupation artistique et avec l’intention délibérée de provoquer l’excitation sexuelle du public auquel elles sont destinées. »


  En tout cas, même si l’on ne sait pas très bien où commence et où s’arrête le genre pornographique, on sait dire qu’il est partout, omniprésent. Et que notre monde ultra-connecté en offre un accès quasi illimité. Alors, on en parle ou pas ? D’une part, à l’échelle de la société, la démocratisation de la pornographie s’accompagne d’une volonté d’en parler sans tabou. Un récent article faisait référence à la sitcom Friends qui présente les protagonistes comme des spectateurs décomplexés de contenu pornographique, mais ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres. D’autre part, les oppositions médiatiques à la pornographie vont croissantes. Elles prennent la forme de documentations scientifiques, mais aussi d’aveux publics d’anciens consommateurs qui en dénoncent les effets destructeurs. À titre d’exemple, l’acteur Terry Crews (The Expendables, Brooklyn Nine-Nine) confiait récemment avoir dû lutter contre une réelle addiction à la pornographie :
« Mon problème avec la pornographie, c’est que ça vient changer notre manière de voir les gens. Les gens deviennent des objets, de simples parties du corps : ils deviennent des choses à utiliser plutôt que des personnes à aimer. »
En bref, c’est comme s’il y avait un décalage entre le message de la société et le vécu personnel. Et la vérité, bien au-delà de tout jugement moral, se résumerait ainsi :
Le porno pose problème. 

Une opposition puritaine et féministe ?

Selon Wikipédia, bon nombre des militants anti-pornographie seraient issus de groupes religieux ou féministes. Mais ils sont loin d’être les seuls. En 2020, la marque de préservatifs Durex lance sa nouvelle promotion dont le titre a donné son nom à cet article :
Le porno n’est pas la norme. 
Sur son site Internet, cette marque liste même en série les « contre-vérités du porno. » Oui oui, vous avez bien lu : elle promeut les rapports sexuels en incriminant la pornographie. Que les groupes religieux ou les tenants d’un certain féminisme s’opposent à l’industrie pornographique, on comprend pourquoi. Mais là, c’est « l’industrie » du sexe elle-même qui porte la critique : Une critique qui vise à promouvoir leurs produits, certes ! Il n’empêche que la publicité fait écho à une certaine réalité : le porno, loin d’être la norme, crée tout un tas de problèmes chez ceux qui en consomment. Une vision déformée de soi, de l’autre, du désir et du rapport sexuel. Une dépendance aussi, parfois, qui s’inscrit dans le cercle vicieux du silence. Mais alors, s’il s’agit de dépasser le simple jugement « le porno, c’est mal », reconnaître les effets nocifs de la pornographie ne règle pas l’ensemble du problème. En fait, parler du porno comme d’un problème amène à se poser la question :
Quelle peut être la solution ?
Du partage d’expériences aux articles scientifiques, en passant par les campagnes engagées, les initiatives se multiplient pour donner une voix à celles et ceux qui ont voulu mettre le doigt sur les dangers du porno. Pas pour protéger les bonnes mœurs, ni même se faire garant d’une certaine morale sexuelle ! Mais pour accompagner celles et ceux qui en souffrent, c’est-à-dire dont la consommation de pornographie s’accompagne de culpabilité, embarras, honte et dégoût. (Et, selon les études, il semblerait que ces sentiments soient loin d’être l’apanage seul des personnes religieuses ou féministes…) Justement parce que la pornographie touche à l’intime, elle renferme la personne autour de son propre imaginaire et crée une tendance au repli sur soi. Parce qu’elle fonctionne comme un générateur de plaisir dont le seuil de satisfaction est toujours plus difficile à atteindre, elle suscite des désirs toujours plus crus, voire plus violents. Parce qu’elle est, par définition, fictive, elle provoque un décalage avec la réalité qui affecte le rapport à soi et aux autres. Et pour toutes ces raisons, elle pousse au retrait, tout en favorisant des risques de dépendance qui eux-mêmes poussent au silence. Alors, aussi étrange que cela puisse paraître, le premier pas serait d’oser en parler. De reconnaître qu’il y a un problème et de reconnaître aussi le besoin d’en sortir, pour ensuite marcher vers la sortie.

Oser en parler 

Et si c’est vrai pour le porno, c’est aussi vrai pour chaque situation de dépendance. Cette dépendance peut être liée à un produit, ou être d’ordre affectif ou même religieux : bref, c’est tout ce qui nous enchaîne, nous enferme, nous renferme sur nous-mêmes.
Pour sortir de l’enfermement, il est bon d’en parler à une personne de confiance ; de s’engager dans une relation de redevabilité qui viendra mettre la lumière sur des coins un peu sombres que l’on peut éclairer pour mieux guérir.
Mais aussi, pourquoi pas (et aussi étrange que cela puisse paraître !) d’en parler à Dieu. Mais alors, vraiment, cela semble étrange ! Ne serait-ce justement pas la religion qui provoque la culpabilité et la honte, et donc qui crée le problème ? Pas de Dieu, pas de religion, pas de honte ? Peut-être que le cliché a un fond de vérité, cependant les témoignages et autres études sur le porno pointent dans l’autre direction. La culpabilité, la honte ou les sentiments analogues sont partagés par des personnes de tous bords, pas spécialement croyants ; par rapport au porno, mais aussi à bien d’autres choses ! Comme pour suggérer qu’il y a là des indicateurs de notre condition humaine, qui nous révèlent que les choses ne sont pas nécessairement comme elles devraient être… Et, à ce sujet, peut-être que Dieu a une solution ? Ou qu’il est la solution ?

En d’autres termes

Concernant le porno, il y a un décalage entre le message de la société et le vécu personnel. Et, si même Durex l’évoque, avec Sagesse et Mojito, nous vous proposons d’aller plus loin. Voici quelques ressources qui peuvent vous, et nous, aider. N’hésitez pas à nous envoyer les vôtres, à partager vos propres combats et aussi vos victoires ! Et si cet article vous a interpellés, partagez-le ainsi que l’épisode du podcast… et n’oubliez pas de vous abonner à Sagesse et Mojito ! À la recherche de l’essence, au-delà des apparences.
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