Miroir, mon beau miroir, dis-moi : qui suis-je ? Une question d’identité

Lorsque l’on nous demande de nous présenter, nous énumérerons plusieurs informations nous concernant. Pourquoi ? Parce qu’en réalité l’identité est multidimensionnelle, et chaque dimension porte en elle-même de nombreuses facettes. On parlera d’identité sexuée, nationale, professionnelle… chacune comportant ses différentes facettes.

Une série proposée par Noela Ezoua.


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L’identité, voilà un bien grand mot

De manière basique, l’identité peut se définir comme un ensemble de traits pertinents qui permettent à un individu de se reconnaître comme étant unique, et à autrui de le reconnaître comme étant également unique. Il peut s’agir de notre nom, nos caractéristiques physiques et aptitudes par exemple. En ce sens, notre identité est ce qui permet que nous soyons, chacun pour notre part, distingué des autres sans qu’aucune confusion ne soit possible. Elle sert à ce que nous-mêmes et les autres puissions nous reconnaître. L’identité est donc ce qui distingue.

Cependant, l’identité est aussi ce qui fait qu’une chose est identique à une autre. Ce qui fait que vous et moi pouvons être classés parmi les êtres humains par exemple. En ce sens, notre identité est ce qui permet à chacun d’entre nous de faire corps avec un groupe précis dont on partage les caractéristiques distinctives. L’identité est donc aussi ce qui ressemble et permet de rassembler/catégoriser.

Ce qui ressemble et ce qui distingue ; telle est donc la double face de l’identité.


Naît-on ce qu’on est ?

Lorsque vous vous regardez dans le miroir aujourd’hui, vous n’êtes plus le bébé joufflu que vous étiez autrefois. Du moins, vous avez évolué physiquement mais pas que… 

Pour les sociologues, nous ne naissons pas ce que nous sommes, nous le devenons. Parce   qu’au-delà de simples données factuelles, notre identité est constituée d’un ensemble de manières de penser, d’agir et d’être que l’on nomme l’habitus. Or, nous ne naissons pas avec cet habitus. Il se forge progressivement tout au long de notre vie par la socialisation, qui est le processus par lequel l’individu apprend et inclut à sa personnalité les manières de penser et de se comporter du milieu où il se trouve, ce qui lui permet de devenir membre à part entière du groupe et d’y obtenir un statut donné.

L’on passe d’abord par une socialisation primaire qui se déroule au sein de notre famille, notre milieu social d’origine et de l’institution scolaire. Ensuite, nous poursuivons une socialisation secondaire qui nous permet de nous adapter et de nous intégrer dans les différents milieux que nous rencontrons tout au long de notre vie. Les habitus des uns et des autres sont ainsi différents en fonction du milieu dans lequel ils ont grandi, puis des divers milieux qu’ils fréquentent tout au long de leur vie. 

L’acquisition identitaire est donc ainsi le processus de toute une vie qui fait de l’identité une constante jamais figée et définitive. Une identité se construit et évolue.

Ce processus de construction identitaire se réalise à la jonction de trois entités : le moi, le nous et les autres.

L’identité selon Dubar (2000)

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Le moi, parce que l’identité est d’abord pour soi et renvoie à la perception que l’on a de soi-même. Pour autrui, parce que l’identité c’est aussi l’image que nous désirons renvoyer aux autres. Et pour finir, notre identité se bâtit également à travers l’image de nous que les autres nous renvoient.


Identité pour soi, Identité pour autrui

Vous aurez reconnu au titre de cet article, la formule phare de la belle-mère du conte       Blanche-neige et les sept nains des frères Grimm : « Miroir, mon beau miroir, dis-moi qui est la plus belle ? » Mais saviez-vous qu’il s’agit de la version courante orale ? La réplique originale dans l’animation Disney est plutôt : « Miroir magique au mur, qui a beauté parfaite et pure ? »

Beauté parfaite… En fin de compte, derrière le jeu des identités affichées se cache un désir de perfection. On désire paraître parfait à celui qui est en face de nous. Être conforme aux attentes qu’il a vis-à-vis de nous, être à la hauteur des rôles qu’il nous confère ou que nous désirons qu’il nous confère.  

Aussi, choisit-on souvent minutieusement la partie de nous que nous affichons dans les différents milieux que nous fréquentons. Se jouant des différentes facettes de notre identité comme de masques interchangeables, nous sommes passés maîtres dans l’art du camouflage ! 

Il n’est donc pas question uniquement dans cette quête de perfection, de dissimuler les aspects les moins glorieux de notre personne. Il est aussi question de s’adapter au contexte, afin de mieux intégrer le milieu dans lequel on se trouve ; à un moment donné, dans un contexte précis et face à des personnes spécifiques. 

Beauté pure…Plus qu’une quête de perfection, nous sommes à la recherche d’une image pure, autrement dit qui n’est pas trouble. En effet, nous désirons également que les différents aspects de notre identité que nous projetons soient cohérents et fassent sens, quitte à tordre ou enjoliver parfois ce que nous sommes en réalité. Pourquoi ? Comme le défendait Bernard Lahire dans son concept de l’homme pluriel ; l’individu n’est pas cohérent dans ses différentes faces identitaires qui sont souvent incompatibles, voire contradictoires.

Identité multidimensionnelle qui nous distingue et nous rassemble. Identité qui est construite, évolutive et contextuelle. Identité définie par soi et par les autres, pour soi et pour les autres…

Face à tout cela il y a de quoi se perdre, n’est-ce pas ? Et c’est cela qui fait naître bien des malaises chez de nombreuses personnes qui sont, en quelque sorte, en quête perpétuelle de ce qu’ils sont au fond d’eux-mêmes.


Vers une paix intérieure

« Éternel (Dieu) ! Tu me sondes et tu me connais, […] C’est toi qui as formé mes reins, Qui m’as tissé dans le sein de ma mère […] ; Et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient destinés, avant qu’aucun d’eux existât. » (Extrait du Psaumes 139 tiré de la Bible) 

Le philosophe Bernard Sève (2010) disait que si Dieu existe vraiment, alors il ne pouvait qu’« être ». C’est d’ailleurs ce que dit la Bible. En effet dans cette dernière, Dieu se présente à son serviteur Moïse comme étant « JE SUIS ». Troublant, non ? 

Que veut dire « JE SUIS » ? Et non cela ne veut pas exactement dire : « j’existe ». Dieu n’existe pas, Dieu est. Je m’explique. À l’origine, « Existere » signifie « ex aliquo sistere », « être à partir de quelque chose d’autre », « provenir d’un autre » ; « ex-ister » signifie « moins le fait d’être que son rapport à quelque origine, […] l’acte par lequel un sujet accède à l’être en vertu de son origine » (Gilson, L’être et l’essence (1972), p. 16). 

Étymologiquement il est donc incorrect de dire que Dieu ex-iste, car il n’a pas d’origine. Il est par nature. Il est l’existence même. Il ne tire son existence de rien, n’est déterminé par rien, et ne dépend de rien. A contrario, tout ce qui existe (y compris l’être humain) tire son existence de Lui, par l’action de Sa volonté et dépend entièrement de Lui.Autrement dit, l’être humain tire son existence de Dieu, Celui qui « est ». Dieu est le créateur de l’Homme.


Point de réflexion :

Dieu serait donc le créateur de tout être humain. Si tel est le cas, n’est-il pas le mieux placé pour savoir qui nous sommes réellement ? Le créateur n’est-il pas le mieux placé pour définir et dire ce qu’est sa création, aussi complexe soit-elle, aussi particulière soit-elle ?

Si Dieu est omniscient, et que l’identité évolue et se construit au cours du temps, ne sait-il donc pas d’avance qui nous sommes, et ce que nous deviendrons avant même que nous n’ayons été conçus ? 

Pour les chrétiens, l’être humain est ce que Dieu son créateur dit qu’il ou elle est.

Cela leur donne de trouver la paix intérieure, mais aussi la paix avec ceux qui les entourent. Mais l’identité peut être parfois source de troubles, personnels et interpersonnels, comme nous le verrons plus en détails par la suite.

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Bibliographie

Dubar C., (2000), La socialisation. Construction des identités sociales et professionnelles, Armand Colin, collection U (3e éd).

Gilson, É. (1994). L’être et l’essence. Vrin.

Lahire, B. (2005). L’homme pluriel: les ressorts de l’action. Armand Colin.Sève, B. (2010). Chapitre 3. Existence humaine et existence divine. Dans : , B. Sève, La question philosophique de l’existence de Dieu (pp. 155-234). Paris cedex 14, France: Presses Universitaires de France.

Noela Ezoua

Rédacteur

Noela Ezoua

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Contributeur

Estienne Rylle

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