Portrait de Nicolas Lopez, un influenceur faisant de sa foi son lifestyle

En partie médiateurs entre les marques et les consommateurs, les influenceurs sont aujourd’hui de plus en plus nombreux.

Leur impact auprès du consommateur est particulièrement important et les études sociologiques les qualifient de « leaders d’opinion de l’ère du numérique »[1]. Ces influenceurs créent des communautés dans divers domaines avec de réels échanges inter-consommateurs et une solide relation entre l’influenceur et ses « followers ».

Ce métier qui s’adapte continuellement à l’évolution du consommateur doit aussi s’adapter aux événements externes. C’est le cas aujourd’hui durant ce temps de crise pandémique du Covid-19 où tous les secteurs sont remis en question.

Face à ce contexte sociétal particulier, j’ai souhaité interviewer Nicolas Lopez (@unmediterraneen), un influenceur/bloggeur venant tout droit du sud de la France. Étant chrétien et vivant sa foi comme un style de vie, il se différencie de beaucoup de ses confrères. Il a répondu notamment aux questions suivantes :Est-il possible d’être influenceur sans cacher sa foi? Comment se différencier? En quoi la crise du Covid-19 impacte le métier d’influenceur ?

Bonjour Nicolas, peux-tu te présenter rapidement et expliquer comment tu as décidé d’être influenceur?

Je m’appelle Nicolas, j’ai 28 ans et je sors d’un BTS design de mode. Je voulais allier communication et ce que j’ai étudié durant ces années. Mon idée était de pouvoir parler de ce que j’aime sur ma vie, l’art et la mode, mais avec une touche très personnelle : ma foi. Mon blog est également une récolte d’interviews et de témoignages de personnes chrétiennes. J’apporte aussi des réflexions très personnelles sur mon propre vécu et comment cela se traduit au quotidien. Partager c’est ma passion, et j’en vis depuis maintenant un an et demi.

Dans le vécu que tu partages, ta foi a une grande place. Peux-tu nous raconter ton parcours ?

Je ne viens pas du tout d’une famille chrétienne mais ma mère s’est convertie en 2009. Je l’ai toujours connue dépressive, colérique, mais après sa conversion ce n’était plus du tout la même personne. Au début, j’étais complètement réfractaire face à ce changement. […] Par curiosité, mon meilleur ami et moi avons décidé d’aller dans son église pour savoir comment elle vivait ces choses. C’était le 21 juin 2011. Ce matin-là, je me suis écroulé. C’était ma rencontre personnelle avec Dieu.

Dans mon passé, j’étais un fumeur de cigarettes et autres, mais du jour au lendemain j’étais délivré. J’en étais complètement dégoûté. Les couleurs autour de moi étaient différentes, ma vie n’a plus jamais été la même.

Comment adaptes-tu ton identité visuelle avec ta foi et cette nouvelle façon de voir la vie?

Je m’inspire énormément de la lumière. C’est vraiment ça le mot de prédilection, la lumière. C’est ce qui va guider mes choix. Je vais m’adapter à ce thème par le feu, l’énergie, l’électricité… ce sont des choses qui m’attirent.

J’essaye d’y puiser mes inspirations et d’en sortir quelque chose pour pouvoir le poster par la suite. J’essaye de toucher les gens avec des mots, une atmosphère, quelque chose qui apporte la lumière.

Tu as des retours des personnes qui te suivent ?

Oui, pas mal de personnes non croyantes sont touchées par mes mots. Des chrétiens aussi – même si ce n’est pas toujours de la manière la plus positive. Croyants ou non, les personnes ne sont pas forcément d’accord avec ma vision des choses. Ils sont interpellés en quelque sorte. […]

Jusqu’à présent je portais beaucoup d’attention aux critiques. Je suis suivi par un certain nombre de personnes depuis trois ans et demi et les retours négatifs me faisaient vraiment du mal. Ça pouvait être des commentaires sur ce que je mange, sur mon physique ou sur ce que je dis. Par exemple, lorsque j’ai écrit un article sur le sexe après le mariage et où j’ai apporté mes réflexions, j’ai eu énormément d’attaques et de critiques. […]

Mais au final, si je dois perdre des abonnés parce que j’appuie un fait et que je suis cohérent avec moi-même, peu importe, je les perds.

Et les marques, elles en disent quoi ?

Ça n’est jamais arrivé qu’elles soient freinées par ma foi. En trois ans j’ai eu des collaborations de fou, notamment avec l’aéroport de Marseille qui nous ont fait partir (mon binôme @jamaissandarling et moi) un peu partout à travers la Méditerranée. J’ai toujours eu de très belles collaborations sans que cela ne dérange.

 Certains articles datant de 2019 annonçaient la mort des influenceurs en 2020[2], qu’en penses-tu ?

 Je pense qu’il y a une part de vérité car aujourd’hui les gens recherchent beaucoup d’authenticité. Actuellement, la part de travail des gros influenceurs se trouve dans le placement de produit, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi mais je pense, et surtout durant cette pandémie, que ce n’est pas ce que les gens ont besoin de voir.

Me montrer que tu sais utiliser une palette de maquillage ou que tu fais de la musculation, honnêtement je m’en fiche un peu. J’aurai plutôt besoin de savoir ce que tu as à m’apporter ? Quels sont les conseils que tu peux me donner concernant cette crise sanitaire mondiale ?

Comment ça se traduit ?

Moi par exemple je vais mettre en avant beaucoup d’artisans de la région. Tu peux continuer à vivre de ce que tu fais mais il faut qu’il y ait de l’humain derrière. Et il ne faut pas se fondre dans la masse. Je suis certain que si tu mets en avant ta personnalité avec le plus d’authenticité, tu peux fidéliser une communauté.

Est-ce que ton travail a été plus dur durant le confinement ? Quelles ont été les adaptations que tu as dû faire ?

Je me suis efforcé de garder une présence physique sur les réseaux sociaux. Le confinement te pousse à te replier sur toi-même et chercher la facilité. Au début je reprenais des photos anciennes car je considérais que je ne pouvais pas en faire de nouvelles. […] Mais j’ai compris que quelle que soit la crise dans laquelle je me trouve, j’ai toujours la possibilité de choisir d’être créatif et positif. Désormais, je ne cherche plus la facilité.

As-tu observé une manière différente de consommer les réseaux sociaux ?

Oui. Il y a beaucoup plus de lives, de partages et de personnes qui réagissent à mes publications. C’est un temps qui a permis à certaines personnes de comprendre qu’elles ont une voix et qu’elle peut être entendue.

Cette crise est une période difficile mais elle nous a aussi poussés à être créatifs. On le voit par exemple avec toutes les vidéos tik-tok qui circulent. Moi-même je m’y suis mis (rires).

Penses-tu qu’il y aura un impact durable de ce confinement ?

Je l’espère. Notamment au niveau de la pollution, la faune, la flore. Les animaux n’ont jamais autant kiffé qu’en cette période et j’espère qu’on aura une prise de conscience collective pour améliorer notre qualité de vie et faire en sorte qu’il y ait moins de problèmes. On a tous une responsabilité à avoir concernant notre monde qui est magnifique.

Un conseil ?

La chose essentielle, c’est d’être le plus positif possible. Le positif attire le positif. Peu importe les situations, les crises que tu peux vivre au quotidien, elles sont nécessaires pour ton apprentissage pour grandir. Si tu veux que ta vie soit plus belle, plus douce, considère que toutes les choses qui t’arrivent sont pour ton bien. Reste focus sur tes rêves.

[1] https://www.lemonde.fr/idees/article/2019/12/11/les-influenceurs-leaders-d-opinion-de-l-ere-numerique_6022429_3232.html

[2]https://www.nouvelobs.com/lifestyle/20190402.OBS11001/serait-ce-la-fin-des-influenceurs.html

Rédacteur

Joëline Studer

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